Peintre de la condition humaine, Jean David Nkot est né en 1989 à Douala, au Cameroun, où il vit et travaille. Formé aux beaux-arts de Foumban, il développe depuis plusieurs années une œuvre puissante qui explore les réalités sociales et politiques liées à l’exploitation des ressources naturelles en Afrique. Son art, entre peinture, sculpture et installation, questionne la mondialisation, les rapports Nord/Sud et l’invisibilisation de la main-d’œuvre africaine.

Avec Théâtre des Corps – Drame de la Matière, dernier volet d’une trilogie d’expositions entamée entre Douala et Paris, Jean David Nkot signe une mise en scène poignante du travail humain. Il s’y essaie à de nouvelles formes artistiques, notamment la sculpture et la céramique, tout en restant fidèle à son engagement : faire exister les corps et les visages des travailleurs oubliés de la chaîne de production globale.

Le visiteur est plongé dans un univers dense, où se mêlent portraits réalistes de travailleurs agricoles, scènes de complicité féminine, têtes et bustes en céramique bleutée, ou encore cartographies imaginaires dénonçant le travail des enfants dans les mines. Chaque œuvre interroge la valeur humaine face à la matière, chaque regard interpelle notre confort de consommateur.

En filigrane, Nkot tisse un lien entre passé colonial et présent capitaliste, en convoquant la mémoire des corps exploités. Le matériau – toile de jute, céramique, objets trouvés – devient langage, témoin de conditions de vie brutes, mais aussi porte-voix d’une dignité inaltérable.

L’exposition culmine dans Map of Resources, une installation immersive évoquant un terrain minier : tuyaux émergeant d’une terre boueuse, bocaux de verre contenant de faux minerais, figurines inspirées de reliquaires Kota, fond sonore d’une mine en activité. Une œuvre totale, chargée de symboles, qui rappelle que les enjeux soulevés dépassent les frontières africaines et concernent l’humanité entière.

À travers ce théâtre des corps et de la matière, Jean David Nkot nous confronte à l’essentiel : la valeur humaine, la mémoire, et la responsabilité collective.